La France

12 novembre 2007

lafrance En plein milieu de la guerre 14-18, Camille est seule et attend chaque lettre de son mari, parti sur le front, avec impatience. Un jour, c'est une lettre de rupture qu'elle reçoit. Elle décide de le rejoindre et se travestit donc en homme. Sur le chemin, elle fait la rencontre d'un unité et découvre, jour après jour, l'horreur de la guerre.

Sur une trame très classique de scénario de film de guerre, Serge Bozon réussit à destabiliser complétement le spectateur, avec un mélange constant de théâtre (à commencer par l'intervention de la soeur de Camille dans le cadre de la fenêtre, les chants dignes d'un choeur de tragédie grecque) et de réalisme (les combats au couteau antispectaculaire et autres "scènes de vie"). Mais attention, pas d'explosions dans tous les sens et autres effets spéciaux, c'est surtout de psychologie dont il s'agit. Loin des tranchées, les hommes souffrent, leurs yeux se vident et leurs coeurs se désséchent.

Alors oui, je vous ai dit la seule chose qui pourrait repousser les plus étroits d'esprit : oui, ça chante, mais pas à la manière d'une comédie musicale. Les scènes restent dans leur contexte, et les transitions sont vraiment très bien amenées. Malgré un style (très agréable et très défini) un peu pop anglaise, c'est avec des instruments anciens et presque de fortune que les musiciens ont joué et dans les conditions réelles de vrais poilus musiciens, dans la nature (même si j'en doute un peu puisque le son est vraiment très bon et qu'au générique figure une équipe de postsynchronisation).

Rien à dire du jeu des acteurs, vraiment très bon à la limite de l'exceptionnel pour certains (les gueules de l'unité). J'ai toujours un gros faible pour Pascal Greggory et là je n'ai pas été déçue (surtout une scène de rivière, avec une lumière remarquable d'ailleurs). Et bien que j'ai cassé un peu de sucre sur le dos de Sylvie Testud il y a peu, elle est formidable ici.

Une belle surprise, et un film décidément loin d'être austère, dont on peut parler encore et encore des heures après la séance.