Les films de ma vie : Benny's vidéo

4 décembre 2007

Les films de ma vie : Benny's vidéo

benny_s_video1 Film déclencheur de ma fin d'adolescence, Benny's vidéo c'est la claque qui passe à 00:00 sur arte un jour de semaine et que jai été obligée d'enregistrer. Un coup d'oeil au téléK7 pour avoir le frisson ("celui là, c'est un bon") et attente du mercredi aprem pour pouvoir le regarder. Et là... c'est la claque. Je me vois encore écrire, toute excitée par ma découverte : "papa, maman, j'ai découvert un film autrichien génial, il faudra qu'on se le regarde ensemble". C'était l'époque où je pensais encore pouvoir partager ce genre d'expérience de cinéma avec ma famille et la dernière fois où ça a eu lieu.

Benny's vidéo est un film génial, dur et froid mais au combien réaliste et annonciateur d'une époque. Le talentueux Haneke, m'y a fait découvrir cette "violence du quotidien". Sans le prisme du cinéma, le bruit d'un corps qui chute, le glaucque (à l'inverse du glamour cinématographique) du meurtre, du sexe, de la vie quotidienne. La vraie horreur de l'humanité. Car c'est un regard humain qu'il pose sur cette jeunesse (représentée par Benny) perdue dans le monde de l'image, la télé, la vidéo, et finalement inapte à vivre une vie sociale normale. Ses perceptions sont modifiées et cette soif d'adrénaline permanente qui le caractérise a touché et touche encore des générations de jeunes.

C'est aussi une vision plus dure qu'il pose sur des parents, martyrs de leurs enfants. Plus aptes à gérer les problèmes qu'à s'occuper de l'éducation pour qu'il n'y en ai pas. Complètement en décalage avec le monde de leur progéniture, c'est le début des parents des classes moyennes, égoïstes, obsédés par le travail, l'argent ou leurs vies sentimentales et délaissant la famille (et dont parleront encore, plus de 10 ans après, des films comme L'année suivante d'Isabelle Czajka). Benny's vidéo est un des premiers films à traiter d'une manière aussi frontale ces sujets et avec tout le talent qu'on connait au réalisateur Michael Haneke. C'est aussi une partie de la "trilogie de la glaciation émotionnelle" (71 fragments d'une chronologie du hasard, Benny's vidéo et Le septième continent) dont les deux autres parties, plus austères, n'en sont pas moins intéressantes.